L'illumination
L'illumination
résulte d'exercices préparatoires très
simples. Ici aussi, il s'agit de faire appel à certaines
pensées, certains sentiments qui sommeillent dans l'homme
et qui doivent s'éveiller. Mais celui-là seul qui
accomplit ces exercices simples avec une patience rigoureuse et une
persévérance totale peut aboutir à la
perception de la lumière
intérieure. Les premiers pas consistent à observer
d'une façon toute particulière certains phénomènes
et certains être naturels; par exemple un cristal transparent
aux belles facettes, puis une plante, un animal. Que l'on commence
par concentrer toute son attention sur une comparaison entre la
pierre et l'animal de la manière qui va être
décrite. Les pensées indiquées ici doivent
s'emparer de toute l'âme en s'accompagnant de sentiments très
vifs. Aucune autre pensée, aucun autre sentiment, ne doit s'y
mêler et troubler l'intensité de l'observation. Que l'on se dise
donc ceci :
« La pierre a une forme, l'animal aussi a une forme. La
pierre demeure immobile à sa place, l'animal change de
place. C'est le désir, l'instinct qui pousse l'animal à
changer de place, et c'est aussi à la satisfaction de ses
instincts que sert la forme de l'animal; ses organes et les membres
qui lui servent d'instruments sont façonnés
conformément à ces instincts par le désir,
tandis que la forme de la pierre est la résultante de forces
où le désir n'entre pas »
(Note 4 : L'exercice
décrit ici, en ce qui concerne la contemplation d'un
cristal, est interprété tout de travers par ceux qui
n'en connaissent que le côté extérieur
(exotérique). Les déformations ont donné
lieu à des pratiques telles que la
« lecture dans le cristal ».
Elles reposent évidemment sur un malentendu.
On en rencontre souvent la description. Mais ces pratiques ne peuvent
jamais faire l'objet d'un véritable enseignement ésotérique.)
Si
l'on plonge intensément dans ces pensées et que, ce
faisant, l'on considère la pierre et l'animal avec une
attention soutenue, il surgit dans l'âme deux sortes de
sentiments très différents. Le premier inspiré
par la pierre, le second par l'animal. La chose ne réussira
vraisemblablement pas dès le début, mais peu à
peu, par des exercices très patients, ces deux sentiments
s'acclimateront dans l'âme. Il faut seulement continuer
l'exercice sans se lasser. Au début, ces sentiments ne se
maintiennent que pendant la durée de l'observation; plus tard,
ils subsistent au-delà de cette durée et finalement ils
prennent une vie qui persistera. Il n'est plus besoin ensuite que de
s'en souvenir pour que ces deux sentiments grandissent, même
sans le secours de l'observation appliquée à un
objet extérieur. De ces sentiments et des pensées qui
leur sont liées naissent les organes de la clairvoyance.
Si
à cette observation s'ajoute celle de la plante, on constate
alors que le sentiment qu'elle inspire, par sa nature aussi bien que
par son degré d'intensité, tient le milieu entre le
sentiment que fait naître la pierre et celui que provoque
l'animal. Les organes qui se forment de cette manière
sont les yeux spirituels. On apprend progressivement à
percevoir par eux les couleurs du monde de l'âme et de
l'esprit. Tant que l'on a seulement assimilé ce qui a été
décrit pour la
« préparation »,
le monde spirituel, ses lignes et ses figures restent obscurs. Par
l'illumination, il s'éclaire. Ici aussi, remarquons bien que
les mots
« clair »
et
« obscur »,
ainsi que les autres expressions que nous avons employées,
n'expriment notre pensée que très
approximativement. Du moment que l'on se sert de la langue
commune, il ne saurait toutefois pas en être autrement. Cette
langue n'est faite que pour les conditions physiques.
La
science secrète qualifie de
« bleu »
ou
« bleu-rouge »
ce que les organes de la clairvoyance voient
rayonner de la pierre, et
« rouge »
ou
« rouge-jaune »
ce qui est ressenti comme émanant d'un animal.
En réalité, les couleurs ainsi perçues sont
« de nature spirituelle ».
Celle qui sort de la plante est
« verte »,
tendant progressivement vers
un clair rouge-rose éthérique. Car la plante, de tous
les êtres vivants, est celui qui, dans les mondes supérieurs,
ressemble sous certains rapports à son aspect dans le
monde physique. Il n'en est pas de même pour la pierre ou
pour l'animal.
Mais
il faut bien comprendre que les couleurs indiquées là
désignent simplement la nuance fondamentale des règnes:
minéral, animal et végétal. En réalité
toutes les nuances intermédiaires existent. Chaque
pierre, chaque plante, chaque animal possède sa couleur
propre. En outre, les êtres des mondes supérieurs, qui
ne revêtent jamais un corps physique, ont aussi des couleurs
souvent admirables, mais aussi souvent hideuses. En fait, dans ces
mondes supérieurs, la richesse des coloris est infiniment
plus variée que dans le monde physique.
Si
l'homme a pu acquérir la faculté de voir avec
« l'œil de l'esprit »,
il rencontre tôt ou tard des
êtres, les uns plus haut, les autres plus bas que lui, qui ne
pénètrent jamais dans la réalité
physique.
Quand
il en est arrivé à ce point, bien des routes s'ouvrent
à lui. Mais on ne saurait conseiller à personne
d'aller plus loin sans observer attentivement ce que dit
l'investigateur spirituel, ce qu'il a prescrit et enseigné.
Même pour les exercices précédents, cette
direction éclairée est excellente; et si le chercheur a
en lui la force et la ténacité nécessaires pour
franchir les premiers degrés de l'illumination, il ne manquera
pas de rencontrer la direction appropriée.
Une
précaution est en tout cas nécessaire et celui qui ne
voudrait pas la prendre ferait mieux de renoncer à tout
progrès dans l'occultisme; celui qui veut s'engager sur cette
voie ne doit pas perdre ses qualités de noblesse, de bonté
et de sensibilité à l'égard de toutes les
réalités physiques. Bien plus: sa force morale, sa
pureté intérieure, ses facultés d'observation,
doivent constamment grandir au cours de l'apprentissage
occulte. Par exemple, pendant les premiers exercices de
l'illumination, il doit veiller à développer par tous
les moyens sa compassion et sa sympathie vis-à-vis des
animaux et des hommes, son sens des beautés de la nature. S'il
n'y prenait pas garde, ses sentiments pourraient s'émousser,
son sens de la beauté s'éteindre sous l'action de ces
exercices; son cœur deviendrait dur, sa sensibilité
bloquée et il pourrait en résulter des conséquences
fâcheuses.
Comment
se présente l'illumination, lorsqu'on s'est élevé
par la pierre, la plante et l'animal, jusqu'à l'homme ?
Comment, après l'illumination, la communion de l'âme
avec le monde spirituel va-t-elle s'accomplir et, à travers
tous les obstacles, aboutir à l'initiation ? C'est ce que
nous allons exposer maintenant dans la mesure du possible.
A
notre époque, beaucoup de gens cherchent le chemin de la
science secrète, mais ils le font de bien des manière;
plusieurs recourent à des procédés dangereux ou
même répréhensibles. C'est pourquoi ceux qui
pensent posséder la vérité en ce domaine
doivent donner aux autres la possibilité de connaître
certains traits de la discipline occulte. Nous ne parlerons ici
que dans les limites de cette possibilité. Il est nécessaire
que quelque chose de la vérité soit révélé
pour que l'erreur ne cause pas de trop grands dommages. Par les
moyens que nous indiquons ici, personne ne peut subir un dommage,
s'il ne cherche pas à forcer la mesure. Mais notons bien par
ailleurs que personne ne doit consacrer aux exercices plus de temps
et de force que ses devoirs et sa situation dans la vie n'en laissent
à sa disposition.
Personne
ne doit, parce qu'il suit le sentier, changer pour le moment
quoi que ce soit à sa vie. Si l'on poursuit des résultats
sérieux, il faut avoir de la patience, être
capable après quelques minutes d'application,
d'interrompre l'exercice et de retourner tranquillement à son
travail coutumier. Il ne faut même pas mêler à ce
travail la pensée des exercices. Celui qui n'a pas appris à
attendre, dans le sens le meilleur et le plus élevé
du mot, ne vaut rien pour l'entraînement et ne parviendra
jamais à des résultats de notable valeur.
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