PREMIERE
PARTIE
COMMENT ACQUERIR DES CONNAISSANCES
SUR LES MONDES SUPERIEURS ?
Les conditions
l
sommeille en tout homme des facultés grâce
auxquelles il lui est possible d'acquérir des connaissances
sur les mondes supérieurs. Mystiques, gnostiques,
théosophes, ont de tout temps affirmé l'existence d'un
monde des âmes et d'un monde des esprits, pour eux aussi
présents que celui qu'on peut physiquement voir de ses yeux et
toucher de ses mains. Si bien que chacun est en droit à tout
moment de se dire: Je puis faire aussi les expériences dont
parlent ces hommes, si je stimule certaines forces qui sommeillent
encore en moi aujourd'hui. Il ne peut donc s'agir que de savoir
comment s'y prendre pour éveiller en soi ces facultés.
Ceux-là seuls qui les possèdent déjà
peuvent donner des conseils à cet égard. Depuis qu'il
existe une race humaine, il a existé des Écoles où
des hommes doués de ces facultés supérieures
guidaient ceux qui cherchaient à les éveiller en eux.
Leur enseignement, et la discipline qu'il impose, sont dits
ésotériques ou occultes.
Ces
termes éveillent des malentendus, ce qui est naturel; ils
donnent, en effet, à penser que ceux qui pratiquent cet
entraînement veulent se placer au-dessus de leurs semblables,
refusant de leur communiquer ce qu'ils savent. On peut aussi supposer
que ce prétendu savoir masque un vide. Car, si son objet était
réel, il n'y aurait pas lieu d'en faire mystère: en le
répandant ouvertement, on en ferait profiter tous les hommes.
Lorsqu'on
est initié à la nature de cette science cachée,
on ne peut s'étonner de ces réflexions du non-initié.
Pourquoi existe-t-il, en effet, un secret, et en quoi consiste-t-il ?
Seul peut s'en rendre compte celui qui a pénétré,
au moins jusqu'à un certain degré, dans les mystères
supérieurs de l'existence. Mais s'il en est ainsi, dira-t-on,
comment le profane peut-il concevoir le moindre intérêt
pour ces connaissances mystérieuses ? Comment et pourquoi
chercherait-il à connaître ce dont il ne peut se faire
aucune idée ? Parler ainsi, c'est poser le problème
sous un jour tout à fait faux. Car, au fond, il en est de la
science secrète comme de tout savoir humain et de tout
savoir-faire. Elle n'est pas plus mystérieuse pour le profane
que ne l'est l'art d'écrire pour celui qui ne l'a pas appris:
il peut apprendre à écrire quand il en prend les
moyens. De même, si l'on suit la bonne voie, on peut devenir un
disciple, voire un maître dans la science cachée. A un
seul point de vue celle-ci se distingue des autres sciences
humaines: on peut se représenter qu'une grande pauvreté,
ou un milieu très primitif, puissent empêcher un
être d'apprendre à écrire, tandis que nul
obstacle extérieur ne saura retenir sur le chemin celui qui
aspire profondément à acquérir le savoir et le
savoir-faire dans les mondes supérieurs.
On
croit souvent qu'il est nécessaire de rechercher en
quelque lieu les maîtres de la connaissance supérieure
pour obtenir leurs conseils. Mais, en fait, mieux vaut tenir compte
de deux choses: tout d'abord, celui qui avance sérieusement
vers la connaissance ne reculera devant aucun effort, aucun obstacle,
pour découvrir un initié qui puisse l'introduire dans
les secrets de l'univers; d'autre part, si son aspiration à la
connaissance est aussi sincère que noble, le moment de
l'initiation viendra pour lui, dans quelque condition qu'il se
trouve. Car à nul esprit qui cherche ne doit être cachée
la connaissance dont il a conquis le droit; c'est là une loi
naturelle pour tout initié. Mais une autre loi, tout aussi
naturelle, prescrit de ne livrer aucun secret à qui ne s'est
pas préparé pour le recevoir. Un initié est
d'autant plus accompli qu'il observe plus rigoureusement ces deux
lois. Le lien spirituel qui unit tous les initiés n'a rien
d'extérieur; mais ces deux préceptes constituent de
solides attaches qui unissent entre eux les maillons de ce lien. Vous
pouvez être l'ami intime d'un initié; vous serez séparé
de lui tant que vous ne serez pas initié vous-même. Vous
pouvez jouir de toute son affection, il ne vous confiera son secret
que quand vous serez mûr pour l'accueillir. Vous pouvez le
flatter, le torturer; rien ne le décidera à trahir
une parcelle de ce qu'il ne doit pas vous livrer parce que, au degré
de développement où vous vous trouvez, cette révélation
n'éveillerait pas encore dans votre âme la résonance
juste.
Les
voies qu'il faut parcourir pour acquérir la maturité
qu'exigent ces révélations sont établies
d'une manière précise. Elles ont été
tracées d'avance, en caractères éternels et
ineffaçables, dans les mondes spirituels où les initiés
veillent sur les mystères suprêmes. Dans les anciens
âges, qui ont précédé les temps
historiques, les hommes pouvaient encore voir extérieurement
les temples de l'esprit. Aujourd'hui, la vie humaine ayant perdu sa
spiritualité, ces temples ne sont plus visibles à nos
yeux. Mais ils existent partout sous une forme spirituelle et
quiconque les cherche peut les trouver.
L'homme
ne découvrira qu'en lui-même le moyen de faire parler un
initié. S'il porte certaines qualités intérieures
jusqu'à un degré déterminé de
développement, il pourra prendre sa part des trésors de
la sagesse.
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