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L'Initiation

L'Initiation: Premiere Partie: Comment Acquerir Des Connaissances Sur Les Mondes Superieurs: La dévotion

On-line since: 17th July, 2006

La dévotion

Tout d'abord une certaine disposition fondamentale doit s'établir dans l'âme. L'investigateur spirituel l'appelle le sentier de la dévotion — dévotion envers la vérité, envers la connaissance. Seule cette attitude de l'âme fait le vrai disciple. Celui qui possède de l'expérience en ce domaine sait quelles dispositions peuvent être remarquées dès l'enfance chez les futurs occultistes. Il est des enfants qui ressentent comme une vénération pour les grandes personnes qu'ils admirent. Ils les regardent avec un respect qui ôte jusqu'au fond de leur cœur toute idée de critique, d'opposition. Devenus des adolescents, tout ce qui peut ranimer cette vénération leur est bienfaisant. C'est parmi ceux-là que se recrutent de nombreux disciples de la science spirituelle. Fûtes vous parfois saisis de crainte sur le seuil d'un être vénéré à qui vous alliez rendre votre première visite, n'osant tourner la poignée de la porte, franchir l'entrée du « sanctuaire » ? Dans le sentiment qui vous inspirait alors perçait en germe ce qui peut vous conduire à suivre un entraînement occulte. C'est un bonheur pour l'être en voie de croissance de posséder ces dispositions et il ne faut surtout pas croire qu'elles inclinent à la soumission, à l'esclavage. Ce respect de l'enfant à l'égard des hommes se métamorphosera plus tard en respect à l'égard de la vérité et de la connaissance. L'expérience montre que les hommes qui savent se comporter le plus librement dans la vie, sont aussi ceux qui ont connu la vénération à l'égard de qui la méritait. Le respect est à sa place partout où il jaillit du fond du cœur.

Si nous ne fortifions pas en nous ce sentiment profond qu'il existe une réalité qui nous dépasse, nous ne trouverons pas l'énergie nécessaire pour grandir jusqu'à elle. L'initié n'a conquis la force d'élever sa pensée vers les cimes de la connaissance que parce que son cœur, en contrepartie, a pénétré dans les profondeurs du respect et de la dévotion. Les sommets de l'esprit ne peuvent être conquis que si l'on a passé par la porte de l'humilité. Tu n'acquerras un juste savoir que si tu as d'abord appris à le respecter. L'homme possède, en principe, le droit de regarder en face la lumière; mais il faut qu'il gagne ce droit. La vie spirituelle a ses lois, comme la vie matérielle.

Frottez une tige de verre avec une substance appropriée et elle se chargera d'électricité, acquérant la force d'attirer à elle de petits corps. C'est la conséquence d'une loi bien connue en physique. On sait, de même, lorsqu'on connaît les bases de l'occultisme, que si l'on cultive en soi la vraie dévotion, il en naîtra une force qui tôt ou tard nous élèvera à la connaissance.

Celui qui possède naturellement ces sentiments de dévotion, ou qui a eu le bonheur de les acquérir par son éducation, trouvera en eux, au cours de sa vie, un précieux auxiliaire s'il cherche l'accès des connaissances supérieures. Tandis que si l'on ne possède pas cette préparation, on voit surgir des difficultés dès les premiers pas, à moins qu'on n'entreprenne, par une discipline énergique, de faire naître en soi cette disposition. Il est de toute importance d'insister sur ce point à notre époque. La civilisation actuelle est plus encline à critiquer, à juger, à condamner, qu'à faire confiance et à respecter. Nos enfants mêmes, au lieu de croire ce qu'on leur dit, se livrent plus volontiers à la contestation. Or, toute critique, tout jugement sans appel, chasse de l'âme des forces qui l'auraient portée vers la connaissance supérieure, tandis que ces forces sont accrues par la dévotion. Il ne s'agit pas ici de faire le procès de notre civilisation. Ne devons-nous pas d'ailleurs toutes les grandes découvertes modernes à l'esprit critique, à l'observation indépendante, au souci « d'éprouver toutes choses pour ne garder que la meilleure » ? Jamais les sciences, l'industrie, les transports, la législation n'auraient réalisé les progrès que nous connaissons si l'homme moderne n'avait tout remis en question d'après sa propre norme; mais ce que nous avons ainsi gagné dans les formes modernes de la civilisation, nous avons dû le payer d'une perte correspondante en connaissances supérieures, en vie spirituelle. Remarquons bien ici que ce respect envers les connaissances supérieures s'adresse non pas à des personnes, mais à la vérité et à la connaissance elles-mêmes.

Il faut toutefois clairement se rendre compte que l'homme qui est entièrement pris dans les formes extérieures de la civilisation d'aujourd'hui aura de très grandes difficultés pour remonter le courant et parvenir à la connaissance des mondes de l'esprit. Il n'y parviendra qu'en travaillant énergiquement sur lui-même. A une époque où les conditions matérielles étaient plus simples, il était aussi plus facile de prendre un essor spirituel. La sphère du sacré planait au-dessus des contingences de ce monde. Mais en un siècle d'esprit critique, l'idéal s'est abaissé. D'autres sentiments ont pris la place de la dévotion, du respect, de la vénération, de l'admiration. Ces derniers, notre époque les refoule toujours davantage; la vie courante n'en fournit plus l'occasion que dans une très faible mesure, il faut les faire naître en soi. Il faut en imprégner soi-même son âme. Cela, on ne peut pas le faire par l'étude. On ne le peut que par la pratique de la vie. C'est pourquoi celui qui veut devenir un étudiant en occultisme devra travailler énergiquement à éduquer en lui-même l'attitude dévotionnelle. Partout, dans son entourage, dans les expériences qu'il fait, il devra rechercher ce qui peut forcer son admiration, son respect. Si, dans l'homme que je rencontre, je ne relève que ses faiblesses, pour les blâmer, je me frustre d'une force de connaissance supérieure. Parcontre, si je m'applique avec amour à découvrir ses qualités, je concentre cette force en moi. Je ne dois perdre aucune occasion de suivre ce précepte si je veux entrer sur le chemin. Des occultistes éprouvés savent tout ce qu'ils doivent à l'habitude de voir en toute chose le bon côté et de réserver leur jugement. Cette règle ne doit d'ailleurs pas seulement s'appliquer à nos rapports extérieurs. Elle doit aussi gouverner les profondeurs de notre âme. L'homme tient entre ses mains le pouvoir de se perfectionner et même, avec le temps, de se transformer entièrement. Mais cette transformation doit atteindre sa vie intérieure, ses pensées. Il ne suffit pas que son comportement extérieur témoigne d'un certain respect envers quelqu'un. C'est dans les pensées que doit vivre ce respect. L'étudiant en occultisme doit donc commencer par introduire la dévotion dans sa vie mentale. Il doit surveiller dans sa conscience ses mouvements de mépris, de critique destructive, pour cultiver méthodiquement la dévotion.

Les moments de calme où, dans un retour sur soi-même, on prend conscience de l'action déformante qu'exercent les critiques, les blâmes, les préventions à l'égard de la vie et de l'univers, ces moments-là nous rapprochent de la connaissance spirituelle. Et nous progressons rapidement si, dans ces occasions, nous ne laissons plus monter à notre conscience que des idées imprégnées d'admiration, d'estime et de respect envers les choses et les êtres de ce monde. Celui qui a l'expérience de ces questions sait qu'en ces instants il s'éveille en l'homme des forces qui sinon seraient restées latentes. Par là s'ouvre le regard de l'esprit. Des réalités qui nous entourent et que nous n'avions pas su discerner auparavant commencent à se révéler. Il devient clair qu'on n'a perçu jusqu'alors qu'une partie du monde où l'on vit. Les êtres humains que l'on rencontre apparaissent également sous un jour nouveau. Certes, il ne suffit pas de cette attitude dévotionnelle pour percevoir dans un être des phénomènes aussi subtils que par exemple son « aura » : une bien plus forte discipline est pour cela nécessaire. Mais précisément pour acquérir celle-ci, le premier pas est de se mettre énergiquement à l'école de la dévotion (Note 1 : Dans le dernier chapitre du livre que j'ai intitulé « Théosophie, Introduction à la connaissance suprasensible du monde et de la destinée humaine », on trouvera une description rapide du « sentier de la connaissance ». Nous en décrivons ici en détails les aspects pratiques.)

L'entrée du disciple sur le sentier de la connaissance s'accomplit sans bruit, inaperçue de son entourage même. Personne ne remarque en lui le changement. Il assume ses devoirs, s'occupe de ses affaires comme à l'ordinaire. La métamorphose ne se passe que dans l'intimité de son âme, soustraite aux regards extérieurs. L'attitude dévotionnelle à l'égard de tout ce qui en est vraiment digne rayonne sur l'ensemble de sa vie affective; toute sa vie psychique trouve là son centre. Comme le soleil anime de ses rayons tout ce qui vit, cette faculté de vénérer vivifie toutes les fibres de la vie affective.

Au début, on a peine à croire que des sentiments comme le respect, l'estime, la vénération, aient un rapport avec la connaissance. La raison en est que l'on est enclin à considérer la connaissance comme une faculté en soi, indépendante de tout ce qui se passe dans la vie intérieure. On oublie que c'est l'âme qui connaît. Et les sentiments sont la nourriture de l'âme tout comme les aliments sont celle du corps. Si l'on donne au corps des pierres au lieu de pain, son activité s'éteint. Il en va de même pour l'âme. Le respect, l'estime, la dévotion sont des substances nutritives qui assurent santé et vigueur à l'ensemble de ses activités, et avant tout à celle de la connaissance. Au contraire, le mépris, l'antipathie, le dénigrement à l'égard de ce qui est estimable paralysent et tuent la force de connaître.

Ce fait se traduit pour le chercheur spirituel jusque dans les couleurs de l'aura. Un changement se produit dans l'aura du disciple qui s'assimile des sentiments de vénération, de dévotion. Certaines tonalités spirituelles comparables au rouge-jaune, au rouge-brun, disparaissent pour faire place au rouge-bleu. Cette transformation est le signe que le pouvoir de connaître s'est ouvert: certains événements que jusqu'ici le disciple n'avait pas remarqués dans son entourage lui deviennent accessibles. La dévotion a éveillé dans l'âme une force de sympathie par laquelle nous attirons, dans les êtres qui nous entourent, la manifestation de qualités qui sans cela demeureraient cachées.




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