onload="setVariables();checkLocation()" id="eLib_BodyTag">
[Steiner e.Lib Icon]
Rudolf Steiner e.Lib Section Name Rudolf Steiner e.Lib



L'Initiation

L'Initiation: Premiere Partie: Les Conditions de L'Entrainement Occulte

On-line since: 17th July, 2006

LES CONDITIONS DE L'ENTRAINEMENT OCCULTE

Les conditions qu'impose un entraînement occulte n'ont pas été établies par la volonté arbitraire de qui que ce soit. Elles résultent de la nature même du savoir occulte. De même qu'un homme ne saurait devenir peintre, s'il ne veut pas prendre un pinceau en main, de même personne ne saurait recevoir une formation occulte s'il ne consent à remplir les conditions que les maîtres de ce savoir considèrent comme indispensables. Au fond, l'instructeur ne saurait jamais donner autre chose que des conseils et c'est bien dans ce sens qu'il faut accueillir tout ce qu'il dit. Il a lui-même passé par les étapes préparatoires à la connaissance des monde supérieurs. Il sait par expérience ce qui est nécessaire. C'est entièrement de la volonté libre de chacun qu'il dépend de parcourir ou non ces mêmes étapes. Si quelqu'un voulait recevoir les instructions d'un occultiste sans se plier aux conditions nécessaires, il agirait comme un jeune homme qui dirait à un professeur de peinture : « Enseigne-moi à peindre, mais épargne-moi donc la peine de prendre un pinceau en main. »

Jamais non plus l'instructeur ne peut proposer quelque chose si la libre volonté du disciple ne vient à sa rencontre. Toutefois il faut remarquer que le souhait vague de posséder un savoir supérieur n'est pas un mobile suffisant. Beaucoup de gens ont naturellement ce désir, mais si l'on n'a que lui, sans vouloir se plier aux conditions particulières de la discipline occulte, on ne saurait rien obtenir. C'est à quoi doivent songer ceux qui se plaignent des difficultés que présente l'entraînement. Si vous ne pouvez pas ou bien ne voulez pas remplir ces conditions dans toute leur rigueur, il faut renoncer provisoirement à tout progrès occulte. Ces conditions sont, à vrai dire, rigoureuses mais non pas dures, du fait qu'on les remplit par un acte qui non seulement doit être libre, mais qui exige cette liberté.

Si l'on ne voit pas bien ce caractère du progrès occulte, les exigences de l'instructeur apparaissent facilement comme une contrainte imposée à l'âme et à l'esprit. La discipline consistant en une culture de la vie intérieure, il faut donc bien que l'occultiste donne des conseils qui se rapportent à cette vie intérieure. Mais on ne saurait considérer comme une contrainte des obligations auxquelles on se soumet librement. Si quelqu'un exigeait d'un maître : « Communique-moi tes secrets tout en me laissant à mes sensations, à mes sentiments et à mes représentations d'autrefois », il réclamerait quelque chose d'impossible. Au fond, il ne demanderait qu'à contenter sa curiosité, sa soif de connaître. Mais avec de telles dispositions, on n'acquiert pas la science secrète.

Nous devons maintenant énumérer en suivant leur ordre les conditions qui s'imposent au disciple. Avant tout, insistons bien sur le fait qu'aucune d'elles n'exige une réalisation totale. Ce que l'on demande, c'est seulement qu'on s'efforce sincèrement d'y parvenir. Personne ne peut remplir entièrement ces conditions, mais il est au pouvoir de chacun de s'y appliquer. L'essentiel, c'est la volonté et la décision de s'engager dans cette voie.

La première condition est la suivante : il faut veiller avec soin à sauvegarder sa santé, pour le corps et pour l'esprit. Naturellement, il ne dépend pas d'un homme d'être bien portant; mais il dépend de lui d'y tendre et de se donner la peine d'y parvenir. Une connaissance saine ne peut provenir que d'un organisme sain. La discipline occulte ne repoussera pas un candidat pour manque de santé, mais elle doit exiger que l'étudiant ait la volonté de mener une vie saine.

Dans ce domaine, il faut que l'on acquière la plus grande autonomie. Les bons conseils d'autrui — le plus souvent on ne les a pas demandés, — sont en règle générale tout à fait superflus. Chacun doit s'efforcer de veiller sur soi-même.

Au point de vue physique, il s'agit surtout d'écarter les influences nuisibles. Certes, pour remplir nos devoirs, nous devons souvent nous imposer certaines fatigues qui ne sont pas bonnes pour notre santé. Il faut savoir placer le devoir au-dessus du souci de la santé au moment voulu. Mais que de choses auxquelles on peut renoncer avec un peu de bonne volonté ! Le devoir doit, dans bien des cas, être mis au-dessus de la santé, souvent même au-dessus de la vie; la jouissance, jamais. Pour le chercheur, la jouissance ne doit être qu'un moyen d'assurer la santé et la vie. En ce domaine, il est absolument nécessaire d'être très sincère et franc vis-à-vis de soi-même. Il ne sert à rien de mener une vie ascétique, si c'est pour rechercher d'autres jouissances. Il se peut qu'on trouve dans l'ascétisme une volupté semblable à celle que quelqu'un d'autre trouve à boire. Mais dans ce cas, il ne faut pas espérer de ce genre d'ascétisme qu'il serve les buts de la connaissance supérieure.

Beaucoup accusent leurs conditions d'existence d'entraver leur progrès. « Dans ma situation, disent-ils, il m'est impossible de me développer. » Certes, il peut être souhaitable pour beaucoup d'améliorer leur situation, mais pour d'autres motifs, car en vue du progrès occulte, cette modification n'est jamais indispensable. Ce but exige simplement que l'on fasse, précisément dans la situation où l'on se trouve, tout ce qu'il faut pour la santé du corps et de l'âme. Toute besogne, tout travail peut servir l'ensemble de l'humanité. Il y a bien plus de grandeur à reconnaître qu'un travail, si infime, si détesté soit-il, est utile à l'ensemble qu'à se dire : « Ce travail est trop bas pour moi, je suis fait pour autre chose. » Il est en tout cas d'une importance toute particulière de rechercher un équilibre spirituel parfait. Un déséquilibre dans les sentiments ou les pensées nous détourne infailliblement des sentiers de la connaissance supérieure. La base nécessaire de tout progrès, c'est la clarté et le calme dans les pensées, la sûreté dans les impressions et les sentiments. Rien ne doit être plus étranger qu'une attirance vers tout ce qui est fantastique, vers l'excitation, la nervosité, l'exaltation, le fanatisme. On doit acquérir en face de toutes les situations de la vie un regard équilibré, savoir se conduire avec sûreté, et laisser calmement les choses vous informer et agir sur vous. Partout où c'est nécessaire, on doit s'efforcer de faire confiance à la vie. On doit éviter tout ce qui pourrait être exagéré et partial dans les jugements ou les sentiments. Si cette condition n'était pas remplie, au lieu de pénétrer dans les mondes supérieurs réels, le chercheur risquerait de se trouver dans un univers imaginaire. Au lieu de la vérité, ce sont des fantaisies et des préjugés qui régneraient en lui. Mieux vaut un bon sens « terre à terre » que l'exaltation ou l'imagination débridée.

La deuxième condition est de se ressentir comme un membre de la vie universelle. Remplir cette condition comporte des obligations multiples. Chacun ne peut toutefois y satisfaire qu'à sa manière. Si je suis, par exemple, éducateur et que mon élève ne réponde pas à ce que j'attends de lui, je ne dois pas m'en prendre d'abord à lui, mais à moi. Je dois avoir si profondément conscience d'être un avec lui que je me demande : est-ce que les faiblesses de mon élève ne sont pas précisément la conséquence de ma manière d'être ? Et, au lieu de m'élever contre lui, je réfléchirai plutôt à ce que je dois faire pour qu'à l'avenir il réponde mieux à ce que j'exige de lui. Cet état d'esprit modifie peu à peu ma manière de penser tout entière, aussi bien dans les petites choses que dans les grandes. Dans ces dispositions, je considère par exemple un criminel d'un autre œil qu'auparavant, je suspends mon jugement et je me dis : « Je ne suis comme lui qu'un humain. Seule peut-être l'éducation que j'ai reçue m'a préservé du même sort. » Et j'en viens à penser que ce frère en humanité aurait pu devenir tout autre si les maîtres qui se sont donné la peine de m'élever s'étaient occupés de lui. Je considérerai donc que j'ai joui d'un bienfait qui lui a été refusé et que je suis redevable de mon honnêteté précisément aux circonstances dont il a été privé. Je ne serai plus très éloigné de l'idée que moi, membre de l'organisme humain, je suis solidairement responsable de tout ce qui se passe dans cet organisme. Cela ne veut pas dire que cette pensée doive se traduire immédiatement par des manifestations extérieures, de l'agitation. C'est au contraire dans le silence de l'âme qu'il faut la cultiver. La conduite de l'individu s'en imprégnera ensuite lentement. Dans de pareils domaines, on ne peut commencer à réformer que soi-même. Rien n'est plus stérile que de vouloir réformer l'humanité en lui imposant des exigences générales. Il est bien facile d'avoir l'idée de ce qui devrait être ; mais l'occultiste travaille d'une manière profonde et non superficielle. Il ne serait donc pas juste de vouloir établir un rapport entre cette condition posée par les maîtres et une règle de conduite extérieure, à plus forte raison politique qui n'a rien à voir avec la discipline spirituelle. En général, les agitateurs politiques savent bien ce qu'ils veulent exiger d'autrui; ils savent moins bien ce qu'ils doivent exiger d'eux-mêmes.

A la deuxième condition se rattache tout naturellement la troisième. Le disciple doit arriver par son effort à voir que ses pensées et ses sentiments ont pour l'univers autant d'importance que ses actions. Il lui faut reconnaître qu'il est tout aussi néfaste de haïr son semblable que de le frapper. Il en vient par là tout naturellement à comprendre que lorsqu'il travaille à son perfectionnement intérieur, il ne travaille pas seulement pour lui, mais pour l'univers. Si mes pensées et mes sentiments sont purs, le monde en tire autant de profit que si mon comportement est juste. Tant que je n'ai pas foi en cette importance de ma vie intérieure pour l'univers, je ne vaux rien comme occultiste. Je n'exerce cette foi dans l'importance de l'âme et de la vie intérieure qu'en travaillant à les développer comme s'il s'agissait d'une action au moins aussi réelle que les actions extérieures. Car je dois savoir qu'un de mes sentiments produit autant d'effet qu'un mouvement de ma main.

Cette certitude renferme déjà la quatrième condition : acquérir la conviction que la véritable essence de l'homme ne réside pas au dehors mais au dedans de lui. Celui qui ne se considère que comme un produit du monde extérieur, un résultat d'éléments physiques, ne saurait tirer de cette notion aucun progrès en occultisme. Avoir conscience d'être une âme et un esprit, c'est la base de la discipline. Si l'on progresse dans ce sentiment, on devient capable de distinguer entre l'obligation intérieure et le succès extérieur. On comprend que l'on ne puisse pas immédiatement comparer l'un à l'autre. Le chercheur doit trouver le juste milieu entre ce que les circonstances extérieures lui prescrivent et ce qu'il juge bon pour son comportement. Il ne doit certes pas imposer à son entourage quelque chose que celui-ci ne puisse pas comprendre, mais il doit être par ailleurs complètement dégagé du désir de faire seulement ce qui convient à son entourage. La confirmation qu'il est dans le vrai, il ne peut l'attendre que de son âme, si, avec courage et loyauté, elle lutte pour la connaissance. Mais il doit apprendre de ceux qui l'entourent tout ce qui peut lui être utile et profitable. Ainsi, il édifiera en lui-même ce que la science occulte appelle « la balance spirituelle ». Sur l'un des plateaux de cette balance se trouve un « cœur largement ouvert » aux besoins du monde extérieur; sur l'autre plateau, une « fermeté intérieure » et une « endurance à toute épreuve ».

Ces qualités annoncent déjà la cinquième condition : la persévérance dans l'accomplissement d'une décision une fois prise. Rien ne doit en détourner le disciple, sauf s'il constate avec évidence qu'il se trouve dans l'erreur; car chaque résolution est une force, et, même si cette force ne produit pas un résultat immédiat là où on l'attendait, elle agit pourtant à sa manière. Le succès peut bien couronner une entreprise née du désir; mais les actions nées du désir et de la passion sont sans valeur pour le monde supérieur. En ce monde-là, il n'y a qu'un élément déterminant pour l'action, — c'est l'amour. Dans cet amour, tous les mobiles qui incitent le chercheur à agir doivent prendre une forme vivante. Alors rien ne le découragera; il continuera infatigablement à transmuer ses résolutions en actions, si nombreux qu'aient pu être ses échecs. Il en arrivera à ne plus attendre seulement les résultats extérieurs de ses actes, mais à trouver une satisfaction dans l'action elle-même. Il apprendra ainsi à offrir au monde en sacrifice toutes ses actions et même son être tout entier, quelle que soit la manière dont le monde accueillera ce sacrifice. Celui qui veut devenir un occultiste doit se déclarer prêt à cette vie d'abnégation.

La sixième condition est de développer le sentiment de la reconnaissance envers tout ce qui vous arrive. Il faut savoir que l'existence qu'on a reçue est un présent de l'univers entier. Que de conditions sont nécessaires pour que chacun de nous reçoive la vie et puisse la conserver ! Que ne devons-nous pas à la nature et à nos semblables ! Ces pensées doivent devenir naturelles à ceux qui veulent suivre la discipline. Celui qui ne les cultive pas ne saurait nourrir en lui l'amour universel qui est nécessaire pour parvenir à une connaissance supérieure. Quelque chose que je n'aime pas est incapable de se manifester à moi; et chaque révélation doit me pénétrer de gratitude, car par elle je suis enrichi.

Toutes les conditions susdites doivent se réunir dans la septième : concevoir de plus en plus la vie dans le sens que ces conditions exigent. Le disciple se donne ainsi la possibilité de mettre de l'unité dans son existence. Les divers modes de son activité s'harmonisent et ne se contredisent plus. C'est ainsi qu'il se prépare au calme auquel il doit parvenir dès ses premiers pas dans le sentier.

Si quelqu'un a la volonté ferme et sincère de remplir ces conditions, qu'il entreprenne alors son entraînement spirituel. Il est prêt pour appliquer les conseils qui lui sont donnés. Il se peut que certains lui apparaissent comme des formalités extérieures. Peut-être aussi ne s'attendait-il pas à des formes si rigoureuses. Mais tout acte de la vie intérieure doit s'exprimer par un acte extérieur et, de même qu'il ne suffit pas à un tableau d'exister seulement dans la tête du peintre, de même il n'existe point de discipline occulte sans manifestations extérieures. Ceux-là seuls méprisent les formes rigoureuses qui ignorent que la vie intérieure doit arriver à s'exprimer au dehors. Il est vrai que c'est l'esprit d'une chose qui importe et non sa forme, mais de même que la forme sans l'esprit est un néant, de même l'esprit qui ne peut créer une forme à son image est stérile.

Les conditions imposées au chercheur ont pour objet de le fortifier en vue également des exigences ultérieures que la discipline doit lui imposer. S'il n'a pas rempli les premières conditions, il n'abordera qu'avec appréhension toute obligation nouvelle; il n'aura pas envers les hommes la confiance qui est nécessaire. Or, c'est sur la confiance et sur un réel amour de l'humanité que doit être édifiée toute recherche de la vérité. Celle-ci doit vraiment avoir à sa base l'amour des hommes, bien qu'elle ne puisse pas être engendrée par cet amour, mais seulement par notre propre force intérieure. Ensuite, l'amour du genre humain doit s'élargir progressivement jusqu'à l'amour de tout être, de toute vie. Celui qui ne remplirait pas les conditions énoncées ne pourrait pas éprouver un amour total envers tout ce qui crée, édifie, ni toute la répulsion correspondante envers ce qui détruit, anéantit. Car on doit devenir incapable de détruire pour détruire, et cela, non seulement en action, mais même en paroles, en sentiments ou en pensées. Tout ce qui est croissance, devenir, doit être une joie, et il ne faut prêter la main à un acte destructif que si l'on se sent capable de stimuler ainsi l'éclosion d'une vie nouvelle. Nous ne voulons pas dire par là que le disciple doive assister impassible au déchaînement du mal, mais il doit chercher jusque dans un mal les côtés par lesquels on peut le transformer en un bien. Il acquiert de plus en plus la certitude que la meilleure façon de combattre le mal et l'imparfait, c'est de réaliser du bien et du parfait. Il sait que l'on ne saurait rien faire sortir du néant, mais que l'imparfait peut être transformé en parfait. Celui qui développe en lui la tendance à l'activité créatrice trouve bientôt aussi le moyen de se comporter comme il convient vis-à-vis du mal.

Quiconque s'engage à suivre un entraînement occulte doit savoir qu'il aura pour but d'édifier et non de démolir. Il doit donc y apporter une volonté de travail sincère et désintéressé, et non pas de critique destructive. Il doit être capable de dévotion, car quand on ne sait pas encore, il faut apprendre et il faut regarder avec respect ce qui s'ouvre à nous. Amour du travail et dévotion, tels sont les sentiments fondamentaux qui doivent être exigés du chercheur. Plus d'un constate qu'il n'avance pas, malgré tout le mal qu'il se donne, lui semble-t-il. Cela vient de ce qu'il n'a pas compris le vrai sens du travail et de la dévotion. Un travail aura d'autant moins de succès qu'on ne l'entreprend qu'en vue du succès et l'étude fera d'autant moins vite avancer qu'elle n'est pas accompagnée de dévotion. Le seul ressort du progrès, c'est l'amour du travail, non pas celui du succès. Si l'étudiant essaie d'avoir des pensées justes et des jugements sûrs, qu'il n'entame pas sa dévotion par le doute et par la méfiance.

Si l'on accueille la communication qui vous est faite non pas de prime abord par une réaction personnelle, mais dans un état d'esprit calme, respectueux et confiant, il ne s'agit là nullement d'une soumission servile. Ceux qui ont obtenu quelques résultats dans la connaissance savent qu'ils doivent tout, non pas à un jugement personnel qui s'entête sur sa position, mais à leur décision d'écouter avec calme et d'élaborer ensuite ce qui a été reçu.

On doit avoir sans cesse présent à l'esprit qu'on n'apprend plus rien d'un fait que l'on a jugé d'avance. Si l'on veut uniquement juger, on ne peut en principe plus rien apprendre. Il faut avoir la volonté très ferme d'être un « élève ». Si l'on ne peut comprendre quelque chose, mieux vaut s'abstenir de juger que de juger faux; la compréhension viendra plus tard.

A mesure qu'on gravit les degrés de la connaissance, la nécessité s'impose davantage d'accueillir l'enseignement avec calme et respect. Toute activité connaissante, toute vie, toute action dans le monde de l'esprit est infiniment subtile et délicate dans ces régions supérieures, comparée aux opérations de l'entendement ordinaire et de la vie dans le monde physique. Plus s'élargit le champ d'action de l'individu, plus les activités dont il a la charge prennent de subtilité. C'est parce qu'il en est ainsi que les hommes arrivent à des « opinions » et à des « points de vue » si différents en ce qui concerne les mondes supérieurs. Toutefois, il n'existe en réalité qu'une seule opinion vraie à l'égard des vérités suprêmes. On peut y parvenir en s'élevant par le travail et la dévotion jusqu'au point où l'on contemple la vérité sous son aspect réel. Si l'on se fait une opinion qui jure avec cette unique opinion vraie, cela prouve qu'on s'est insuffisamment préparé et qu'on juge encore d'après ses préférences, ses goûts, ses habitudes de pensées. Il n'y a qu'une seule façon de comprendre un théorème de mathématiques et il en est de même pour les vérités du monde supérieur. Mais il faut d'abord se préparer pour pouvoir arriver à une telle « vue ». Si l'on songeait suffisamment à cela, les conditions imposées par l'instructeur ne surprendraient personne. Il est parfaitement exact que la vérité et la vie supérieure résident en chaque être humain et que chacun peut et doit les trouver par lui-même. Mais elles sont enfouies à une grande profondeur et ce n'est qu'après avoir écarté tous les obstacles qu'on peut les en extraire. Comment y parvenir ? Celui qui a l'expérience de l'occultisme peut seul le dire. La science spirituelle donne des conseils en ce sens. Elle n'impose à personne une vérité et ne promulgue aucun dogme : elle indique un chemin. Au fond, chacun pourrait trouver tout seul ce chemin, mais peut-être seulement après bien des incarnations. On arrive pourtant à raccourcir le chemin, au moyen de l'entraînement occulte. Grâce à lui, l'homme atteint plus tôt le moment d'agir dans les mondes où son travail spirituel peut contribuer au salut et à l'évolution de l'humanité.

Voilà les premières indications qu'il fallait donner sur la manière d'acquérir l'expérience des mondes supérieurs. Dans le chapitre suivant, cet exposé va être suivi d'explications sur le changement qui se produit au cours de cette évolution dans les éléments supérieurs de la nature humaine, c'est-à-dire dans l'organisme psychique (corps astral) et dans l'esprit ou corps de pensée.

Ainsi les communications qui précèdent seront éclairées d'une lumière nouvelle et l'on pourra en pénétrer plus profondément le sens.




The Rudolf Steiner e.Lib is maintained by:
The e.Librarian: elibrarian@elib.com
[Spacing]