onload="setVariables();checkLocation()" id="eLib_BodyTag">
[Steiner e.Lib Icon]
Rudolf Steiner e.Lib Section Name Rudolf Steiner e.Lib



L'Initiation

L'Initiation: Deuxieme Partie: Transformation Dans La Vie de Reve du Disciple

On-line since: 17th July, 2006

TRANSFORMATION DANS LA VIE DE REVE DU DISCIPLE

Un avertissement que le disciple vient d'atteindre ou va atteindre le degré d'évolution décrit au chapitre précédent, c'est la transformation qui se produit dans sa vie de rêve. Auparavant ses rêves étaient confus, sans suite. Ils commencent à prendre maintenant un caractère régulier. Les tableaux s'enchaînent comme les représentations de la vie ordinaire. On peut y reconnaître un ordre, des causes et des effets. Le contenu du rêve se modifie également. Tandis qu'auparavant on n'y trouvait que des échos de la vie quotidienne, des impressions déformées, tirées du milieu environnant ou de ses propres états organiques, à présent des images émergent d'un monde jusqu'alors inconnu. Au début persiste évidemment le caractère général de la vie de rêve : le rêve se distingue de la représentation de veille en ce qu'il traduit par un symbole ce qu'il veut exprimer. Ce symbolisme ne peut échapper à l'observateur attentif des rêves. On rêve, par exemple, que l'on vient d'attraper un animal répugnant et l'on éprouve dans la main un sentiment de dégoût : en se réveillant, on remarque que l'on tient serré dans la main un coin de la couverture. La perception ne s'exprime donc pas sans se déguiser : elle recourt au symbole. Ou bien l'on rêve que quelqu'un vous poursuit : on court, on est angoissé. Au réveil, on constate que l'on a été pris de palpitations pendant le sommeil. L'estomac qui digère péniblement est une cause de cauchemars. Ce qui se passe dans l'entourage du rêveur se reflète symboliquement dans ses songes. Le tic-tac d'une montre peut évoquer l'image d'une troupe en marche qui avance au son du tambour. Une chaise qui tombe peut être l'occasion de tout un drame où le bruit de la chute se transforme en coup de feu, et ainsi de suite.

Lorsque le corps éthérique commence à s'organiser, le rêve, tout en conservant d'abord ce caractère symbolique, prend un aspect plus ordonné. Mais il cesse de refléter simplement des faits de la vie physique ou de la vie organique. Comme on voit s'ordonner les rêves qui ont leur origine dans ces impressions, on voit s'y mêler progressivement des images par lesquelles s'exprime un autre monde. Ainsi se font les premières expériences qui sont inaccessibles à la conscience normale.

Il ne faudrait cependant pas croire qu'un vrai mystique prenne jamais pour des communications très importantes du monde spirituel ce qu'il voit ainsi en rêve. Il ne considère ces expériences de rêve que comme le signe précurseur d'un degré plus haut dans son évolution.

Bientôt ce signe est suivi d'un fait nouveau : les images du rêve ne sont plus comme auparavant soustraites au contrôle de l'intelligence. La réflexion les gouverne et leur imprime un certain ordre comme cela se passe pour les représentations et les sensations à l'état de veille. La différence entre la conscience de rêve et l'état de veille s'efface de plus en plus. Le rêveur est éveillé, au vrai sens du mot, pendant sa vie de rêve, ce qui veut dire qu'il se sent le maître et l'ordonnateur de ses représentations symboliques.

Tandis qu'il rêve, l'homme vit dans un milieu tout différent de celui auquel appartiennent ses sens physiques, et s'il n'a pas développé ses organes spirituels il ne peut refléter ce milieu que dans les images chaotiques dont on parlait plus haut. Ce monde n'existe pas plus pour lui que le monde sensible pour un être qui ne posséderait que les premiers rudiments des organes visuels. C'est pourquoi cet autre monde ne peut se refléter qu'en images et en projections de la vie ordinaire, comme sur un écran. Si l'on voit ces images en rêve, c'est parce que l'âme elle-même projette ses perceptions de jour sur la substance dont est tissé cet autre monde. Il faut bien voir, en effet, que parallèlement à son activité quotidienne conscience [ndé : « consciente » ?], l'homme en exerce inconsciemment une autre dans l'autre monde en question. Tout ce qu'il perçoit, tout ce qu'il pense, il le grave dans ce monde. Les empreintes ainsi déposées ne sont certes visibles qu'après l'éclosion des « fleurs de lotus ». Mais il existe toujours, chez tout homme, certains rudiments primitifs des « fleurs de lotus ». A l'état de conscience normale, on ne saurait rien percevoir par ce moyen, parce que les impressions qu'on en reçoit sont très faibles. C'est pour une raison semblable que pendant le jour on ne perçoit pas la clarté des étoiles. Elle est éclipsée par l'éblouissante lumière solaire. Ainsi les faibles impressions spirituelles sont éteintes par l'action puissante des sens physiques. Mais pendant le sommeil, lorsque les sens extérieurs sont fermés, ces impressions astrales se mettent à luire, bien que d'une façon désordonnée. Le rêveur prend alors conscience des expériences faites dans un autre monde. Toutefois, comme nous l'avons dit, ces expériences ne sont au début rien de plus que les empreintes gravées dans le monde spirituel par les représentations dues aux sens physiques. Seul, le développement des « fleurs de lotus » permet d'enregistrer des messages qui soient vraiment indépendants du monde physique. A mesure que le corps éthérique s'organise, la pleine connaissance de ce qui émane d'un autre monde s'affirme. Ainsi débutent les relations de l'homme avec un monde nouveau.

Il doit maintenant, en suivant les indications de l'entraînement, atteindre un double but. En premier lieu, il doit devenir capable de conserver parfaitement à l'état de veille les observations faites pendant le rêve. Et quand ce résultat est acquis, il doit être à même de renouveler des observations de nature identique également pendant la veille. Il faut simplement veiller à ce que ces impressions spirituelles ne s'effacent plus devant les impressions physiques ; les premières persisteront alors d'une manière durable à côté des secondes.

Si le disciple acquiert cette faculté, le tableau que nous avons décrit au chapitre précédent commence à apparaître à son regard spirituel. Désormais, il peut discerner ce qui dans le monde spirituel est la cause du physique et c'est ainsi qu'avant tout il reconnaît au sein de ce monde son Moi supérieur.

Son premier devoir consiste maintenant à greffer sur ce Moi supérieur tout son développement futur, c'est-à-dire à le considérer réellement comme son être véritable et à se comporter en conséquence. Il se pénètre toujours plus de l'idée et du sentiment vivant que son corps physique et ce qu'il appelait auparavant son « moi » ne sont plus qu'un instrument du Moi supérieur. Vis-à-vis du moi inférieur, il a l'impression que ressent un homme limité au monde sensible vis-à-vis de l'outil ou du véhicule dont il se sert. De même que ce dernier ne considère pas la voiture qui le transporte comme un des éléments de sa personnalité, même s'il dit : « Je roule », comme il dirait : « Je marche », de même l'homme évolué qui se dit : « Je vais vers la porte », se représente en réalité ceci : « Je porte mon corps vers la porte. » Mais cette notion doit être pour lui si évidente qu'il ne perde pas un instant le sol ferme du monde physique et qu'il ne laisse aucune place en lui pour un sentiment d'éloignement envers le domaine des sens. Si le disciple ne veut pas être « dans la lune », il faut que sa conscience supérieure ne vienne pas appauvrir sa vie dans le monde physique, mais l'enrichisse, de même que l'on enrichit sa vie de facilités nouvelles en prenant un train pour voyager au lieu d'aller à pied.

Si le disciple est parvenu à cette vie dans le Moi supérieur, et même au stade où il s'assimile cette conscience, il comprend alors comment il peut éveiller à l'existence la force spirituelle de perception dans l'organe constitué au voisinage du cœur et comment il peut diriger cette sensibilité à travers les courants que nous avons décrits dans le chapitre précédent. Cette force de perception est un élément de la substance spirituelle qui émane de l'organe en question. Puis il inonde de beauté lumineuse les « fleurs de lotus » mises en mouvement ainsi que les autres canaux du corps éthérique évolué, rayonne au dehors dans tout le champ spirituel environnant et le rend spirituellement visible, tout comme la lumière du soleil tombant sur les objets physiques les rend visibles à l'œil.

Comment cette force de perception est-elle produite dans l'organe du cœur, on ne le comprend qu'au fur et à mesure de son perfectionnement.

Le monde spirituel, avec toutes ses réalités, ne devient en fait perceptible que si, grâce à son corps éthérique, on sait diriger cet organe de perception vers le dehors pour éclairer les objets à percevoir. La perception consciente d'un objet du monde spirituel n'est donc possible que si l'homme projette lui-même de la lumière spirituelle. Au fond, le Moi qui produit cet organe de perception réside non pas au-dedans du corps physique, mais, comme nous venons de le dire, au dehors. L'organe du cœur n'est que le lieu où le Moi vient allumer du dehors cet organe spirituel lumineux. S'il l'allumait ailleurs qu'à cet endroit, les perceptions spirituelles ainsi produites n'auraient aucun rapport avec le monde physique. Mais l'homme doit précisément mettre chaque force spirituelle en rapport avec le monde physique et la faire agir dans ce monde par lui-même. C'est justement par le truchement de l'organe du cœur que le Moi suprasensible s'empare du moi sensible pour l'avoir en main et en faire son instrument.

En fait, la sensation que produit un objet spirituel est très différente de celle que le monde terrestre procure à l'homme physique. Celui-ci a conscience d'être en un certain lieu du monde sensible, et il perçoit les objets « en dehors » de lui. Par contre, l'homme spirituellement développé se sent comme uni aux objets spirituels de sa perception et « au-dedans » d'eux. Il passe effectivement d'un lieu à un autre dans l'espace spirituel; c'est pourquoi dans la langue occulte on l'appelle « l'errant ». Il n'est tout d'abord nulle part chez lui.

S'il en restait là, il ne pourrait situer avec certitude aucun objet dans l'espace spirituel; car dans ce monde nouvellement atteint, comme dans le monde physique, pour déterminer avec précision un objet ou un lieu, il faut partir d'un certain point. Le disciple doit donc chercher quelque part un endroit qu'il soumette à une investigation approfondie et dont il prenne pour ainsi dire la possession spirituelle. Dans ce lieu, il doit se fonder un foyer spirituel, et y rapporter toutes ses découvertes. De même, dans le monde physique, on perçoit toute chose sous l'angle du lieu où l'on vit. Tout naturellement un Berlinois décrira Londres autrement qu'un Parisien. Il y a une seule différence entre le foyer spirituel et le foyer physique : c'est involontairement qu'on vient au monde et qu'on prend instinctivement pendant sa jeunesse une série d'empreintes qui donnent à toutes choses par la suite une coloration involontaire. Tandis que l'on fonde soi-même et en pleine conscience le foyer spirituel. On le choisit comme point de départ de ses jugements dans un état de liberté claire et entière. Cette élection d'un foyer spirituel s'appelle en occultisme « se construire une demeure ».

A cette étape, le regard de l'esprit atteint tout d'abord les réalités suprasensibles correspondant au monde physique, dans la mesure où elles se trouvent dans la sphère astrale. Dans cette sphère se rencontre tout ce qui, par essence, est apparenté aux instincts, aux sentiments, aux désirs et aux passions. En effet, tous les objets qui nous environnent sont animés de forces apparentées aux forces humaines : par exemple, un cristal est façonné, modelé par des forces qui, pour le regard spirituel, sont comparables aux instincts qui agissent en l'être humain. Des forces semblables font circuler la sève dans les vaisseaux de la plante, éclater les bourgeons, germer les graines. Toutes ces forces prennent forme et couleur pour les organes de la perception spirituelle, tout comme les objets physiques pour les yeux physiques. A cette phase de son évolution, le disciple perçoit non seulement le cristal ou la plante, mais aussi les forces spirituelles dont on vient de parler. Il voit les instincts des animaux et des hommes, non seulement comme les manifestations des êtres, mais aussi comme des réalités extérieures, ainsi qu'il voit dans le monde physique des tables ou des chaises. Le monde entier des instincts, désirs, souhaits, passions d'un animal ou d'un homme devient comme une nuée astrale qui enveloppe l'être, et c'est ce qu'on appelle : l'aura.

Le clairvoyant parvenu à ce stade de son évolution perçoit ensuite des phénomènes qui sont impossibles ou tout au moins malaisés à appréhender au moyen des sens physiques. Par exemple, il peut noter la différence astrale qui sépare un espace presque entièrement rempli d'hommes aux instincts bas et un autre où sont présents des êtres d'une mentalité élevée. Un hôpital se distingue d'une salle de bal par son atmosphère, non seulement physique, mais encore spirituelle. L'ambiance astrale d'une cité commerçante est tout autre que celle d'une ville universitaire. Au début, la perception clairvoyante n'est que faiblement sensible à ces phénomènes. Comparées aux perceptions ordinaires des sens, ces perceptions supérieures apparaissent d'abord comme, pour l'homme physique, le rêve comparé à l'état de veille; puis, progressivement, même en ce domaine, la conscience s'éclaire.

La plus haute conquête d'un clairvoyant parvenu à ce degré, c'est la manière dont se révèlent à lui les réactions dans l'astral des passions et des instincts humains ou animaux. Une action pleine d'amour s'accompagne d'une forme astrale tout autre qu'une action inspirée par la haine. Un désir aveugle suscite une « contre-image » astrale hideuse, tandis qu'un sentiment élevé en produit une très belle. Ces « contre-images » sont faibles pendant la vie physique, car l'existence terrestre en réduit la puissance; par exemple, le désir qu'on a d'un objet projette en quelque sorte sa « contre-image » dans le monde astral; mais si le désir vient à être satisfait ou du moins si l'on entrevoit la possibilité qu'il le soit, cette contre-image en est très affaiblie. Elle ne se manifestera pleinement qu'après la mort, lorsque l'âme, conformément à sa nature, revivant toujours ce désir, ne pourra plus le satisfaire, parce que l'organe et l'objet physiques du désir auront disparu. Par exemple, un gourmand éprouvera encore après sa mort le désir des jouissances de la table; mais il ne pourra plus le satisfaire, parce que l'organe du goût aura disparu chez lui. Par suite, le désir engendrera une contre-image astrale particulièrement vive dont la vue tourmentera l'âme. Celte reviviscence des passions faite dans le monde astral, après la mort, au moyen des contre-images issues des basses régions de l'âme, constitue ce qu'on appelle la traversée du monde psychique et particulièrement de la région des désirs. Elle ne cesse que lorsque l'âme s'est purifiée de tout désir inférieur dirigé vers la vie terrestre. Alors cette âme passe dans une région plus haute qui est le monde spirituel proprement dit.

Si faibles que soient ces contre-images des désirs humains chez l'homme qui vit encore de vie physique, elles n'en existent pas moins. Ces désirs potentiels l'auréolent comme une queue accompagne la comète. Le clairvoyant peut les percevoir lorsqu'il a atteint le degré d'évolution correspondant.

C'est par tout cela que passe le disciple à ce stade du développement. Il ne peut pas encore s'élever à des expériences plus hautes; il doit pour cela réaliser encore de nouveaux progrès.




The Rudolf Steiner e.Lib is maintained by:
The e.Librarian: elibrarian@elib.com
[Spacing]